Au 13e siècle, les terres de Transbaïkalie, situées à l’est et au sud du Baïkal, ont été conquises par Gengis Khan. Un siècle plus tard, l’immense empire mongol se divise en quatre principautés. Le territoire de la Bouriatie actuelle est alors inclus dans la principauté de Mongolie, dominée par les descendants directs de Gengis Khan.
Au 17e siècle, les Russes, prenant appui sur de nouveaux ostrogs (forteresses), s’approchent des limites nord et ouest des régions occupées par les tribus mongoles. La Mongolie, affaiblie par des rivalités entre les descendants de Gengis Khan, se trouve alors prise dans un étau entre deux empires en pleine expansion : la Russie de Pierre le Grand et la Chine de la puissante dynastie mandchoue Qing. En 1703, par décret de Pierre le Grand, la Bouriatie est rattachée à la Russie. En 1727, Russie et Chine se partagent le territoire mongol : toute la Transbaïkalie (c’est-à-dire, outre la Bouriatie, la région de Tchita) fait désormais partie intégrante de l’empire russe.
En 1666, un détachement de cosaques, sous la direction de Gavril Lovtsov, construit, au confluent de la rivière Ouda avec la Sélenga, un abri pour y passer l’hiver. Au cours de l’été 1675, le savant, géographe et diplomate russe, Nicolas Spafari, se rendant en Chine, suggère de transformer ce modeste hivernage en ostrog. Il est construit peu après, en 1680, et prend le nom d’ostrog d’Oudinsk (du nom de la rivière Ouda). Il assure la protection des caravanes partant pour Nertchinsk, autre forteresse cosaque, sur la route de la Chine par la vallée de l’Amour.
Avec la pacification de la région, ce rôle militaire décroit et Oudinsk devient un relais important des échanges entre la Chine et la Russie. En 1775, l’impératrice Catherine II accorde à l’ostrog le statut de ville. Oudinsk devient Verkhnéoudinsk (« ville en amont de l’Ouda », en russe).
À la veille de la Révolution de 1917, Verkhnéoudinsk est un centre commercial et administratif modeste, peuplé d’un peu plus de 20 000 habitants. La ville doit à l’époque soviétique, non seulement son nom car Verkhnéoudinsk devient Oulan-Oudé (Oulan, en bouriate, signifiant rouge, on peut voir dans le changement de nom une intention idéologique), mais aussi bien des traits de son aspect actuel, communs à toutes les villes soviétiques d’une certaine importance : imposants bâtiments administratifs et culturels, statue de Lénine.
Toutefois, à Oulan-Oudé, la représentation de Lénine ne ressemble à aucune autre au monde, car elle est constituée d’une tête ; non pas un buste, mais une tête, uniquement, posée directement sur un socle.
Il s’agit de la plus grande représentation au monde de la tête de Lénine : 7,7 m de haut sur 4,5 de large. Dans les années 1970, on appelait golovary (du russe golova « la tête ») les étudiants, venus de la campagne et ne connaissant pas la capitale, qui se donnaient, comme lieu commode de rendez-vous, la place dominée par la fameuse tête.
Le Musée de l’histoire de la Bouriatie abrite de précieuses collections de tankas (littéralement « chose que l’on déroule » est une peinture sur toile), caractéristique de la culture tibétaine, de manuscrits et un atlas de la médecine tibétaine, vénéré dans le monde bouddhiste. De cet atlas, datant de 1687-1688, conservé à Lhassa, il n’existe que cette copie. C’est à la fois un ouvrage pratique et, par ses 76 planches, une œuvre d’art. Texte et illustrations constituent une somme de la médecine, mais aussi de la philosophie, de l’histoire et de l’art tibétains depuis plus de deux mille ans. En 1998, 40 planches de cet atlas ont été présentées à l’exposition « Art médical bouddhiste » à Washington.
La fierté des Bouriates, c’est le Théâtre de l’opéra et du ballet créé en 1939 et réputé dans toute la Russie.