Le chemin de fer Circumbaïkal est un élément du Transsibérien, dont la construction a été lancée par l'oukase de l’empereur Alexandre III du 17 mars 1891. Il s'agit d'assurer une liaison rapide et commode entre Saint-Pétersbourg et la place maritime de Vladivostok, fondée en 1858, à 9 500 km de la capitale. Les travaux sont conduits à partir des deux extrémités. Le Baïkal, s'étirant sur 630 km, du nord au Sud, fait obstacle à la jonction des deux branches.
Pour surmonter cette barrière, il faut le contourner par le sud. Le nom de Circumbaïkal est donné à ce tronçon de liaison.
C’est un vrai monument de l’art du génie.
En effet, il s’agit d’un projet unique de la construction d’une voie de chemin de fer dans un tel endroit, le long des côtes du lac, entre Port Baïkal et Sludianka. D’un côté, notre regard se pose sur les pentes vertigineuses des montagnes et de l’autre sur les berges escarpées du Baïkal. Les proportions et les délais de construction de ce gigantesque monument sont frappants.
En tout, sur deux ans sont construits sur 89 kilomètres près de 40 ponts et viaducs, 29 tunnels (le plus long faisant 700 mètres, le plus court 34) et 16 galeries. Il y a également 1200 murs de soutien protégeant la voie des chutes de pierre. Certaines constructions furent réalisées en béton armé, matériau encore très peu connu à cette époque-là. Elles forcent l’admiration, moins par leur caractéristiques que par les conditions dans lesquelles ils ont été réalisés.
En attendant l'achèvement des travaux, la traversée du lac s'impose comme la solution la meilleure. Pour que l'hiver n'interrompe pas les passages, la Russie commande en Angleterre, dès 1895, un puissant brise-glace, qui prendra le nom de "Baïkal", et, plus tard, un autre, « Angara ». On s'aperçoit, dès la première année d'entrée en service, qu'il ne peut briser la glace que pendant les premières semaines de l'embâcle. Pour assurer le maintien permanent de la communication, il faut organiser la traversée par charroi. Des chevaux assurent le transport des passagers, des marchandises et la liaison postale. Les charrois commencent avant même l’arrêt des brise-glace et il arrivait que les chevaux, progressant parallèlement au brise-glace, atteignaient l'autre rive avant le puissant vapeur.
La « Boucle d'or » du Transsibérien perd de son importance à partir de 1949, à la suite de la mise en service d'une nouvelle ligne, reliant Irkoutsk directement à la pointe sud du Baïkal. Ce trajet est plus court de près de 50 km. Dès lors, le trafic diminue sur la voie initiale. Le coup de grâce est porté par la construction du barrage d'Irkoutsk. Le 30 juin 1956, pour la dernière fois, un train emprunte la voie de la rive gauche de l'Angara : elle a été condamnée par la montée des eaux. La voie entre Sludianka et Port Baïkal devient sans issue.
C'est le Baïkal qui va sauver le Circumbaïkal. Rénové, électrifié, devenu un petit train touristique, il prend son temps pour présenter à ses passagers les exploits de ses constructeurs et la splendeur du lac, qu'il longe sur près de 90 km, de Sludianka à Port Baïkal.
Résumé du chapitre "Taltsy et le Circumbaïkal, Oulan-Oudé et le Baïkal bouriate" du livre "Baïkal. Mer sacrée." de Ph.Guichardaz et I.Muzyka. Ed: Pages du Monde. 2014